Un leader est une personne consciente des responsabilités que lui confère son autorité. Le leader use de cette autorité, non pour asseoir son pouvoir sur les autres et en jouir, mais pour se mettre au service d’une finalité commune. Il sait que la confiance appelle la confiance, là où la méfiance inspire la méfiance. Il est capable de donner du sens, d’écouter et d’encourager. Sait prendre du recul et s’adapter. Il montre l’exemple. Ce sont là ses principales qualités.
Connaissez-vous Ernest Shackleton ? Cet explorateur anglo-irlandais a mené, avec ses hommes, l’expédition la plus incroyable qui fût. Parti en 1914 à bord de l’Endurance pour traverser l’Antarctique dans le cadre d’une mission scientifique, il n’y parvint jamais. Ni lui ni aucun de ses hommes. Pris dans les glaces, le bateau dériva avant d’être broyé. Il fallut trois ans à l’équipage emmené par Shackleton pour rejoindre une terre civilisée.
Trois ans de dérive sur un continent instable, parmi les icebergs et les orques. Trois années au cours desquelles les hommes durent composer avec la faim, le désespoir, le froid. Ils se nourrirent de leurs chiens, puis de graisse de phoque, d’œufs d’albatros ; de tout ce qu’ils trouvèrent. Mais tous revinrent vivants. Et s’ils sont tous revenus après avoir traversé des épreuves inimaginables, c’est grâce à leur chef.
Un chef prend les bonnes décisions
Tous les carnets de bord tenus par les hommes de l’équipage de Shackleton le disent : sans lui, ils seraient morts. Sans son extraordinaire capacité à commander, l’équipage ne serait jamais revenu. D’ailleurs, au cours de cette expédition, l’équipage de Shackleton devait rejoindre celui de l’Aurora qui partait de l’autre côté du Pôle. L’équipage de l’Aurora connut une véritable hécatombe, que les témoignages expliquent : leur chef ne fut pas capable de prendre les bonnes décisions. Au sens strict, il n’était pas un leader suffisamment respecté, contrairement à Shackleton.
« Un homme doit savoir se façonner en fonction des changements de l’existence »
Quelles qualités ?
« Un homme doit savoir se façonner en fonction des changements de l’existence », écrit Sir Shackleton dans son journal de bord. Le leader ne doit pas vouloir plier les choses à sa convenance ou à son désir. Au contraire, il doit être capable de s’adapter constamment aux changements, aux imprévus, aux dangers qui surviennent. Plutôt que de céder à la panique, à la colère ou à l’autoritarisme, le vrai leader est celui qui accepte qu’une mission échoue et qui en tire les enseignements.
Des imprévus sont toujours possibles et aucun chef ne peut maîtriser tous les aléas extérieurs. En revanche, le chef a toujours la possibilité de s’adapter et de prendre de nouvelles décisions. Le vrai leader est capable d’écouter chacun de ceux qu’il dirige, avant de prendre la meilleure décision. Il montre qu’il est sûr de son choix, une fois que son plan a mûri.
L’expédition scientifique a échoué mais l’aventure humaine a été un succès.
Le droit à l’échec
« Nous avons échoué », écrit Sir Shackleton, au retour de son expédition. L’expédition scientifique a échoué mais l’aventure humaine a été un succès. Au sens strict, ce que ces hommes ont enduré était inhumain. Pourtant, ils ont survécu, parce qu’ils avaient confiance en leur chef. Une telle confiance que tous les journaux de bord de l’équipage en débordent. Une confiance fondée sur la justesse des choix du chef, ainsi que sur son courage, sa ténacité et son humilité.
Aucun de ses hommes ne relève chez lui la moindre injustice. Tous reconnaissent qu’il a endossé l’échec de l’expédition. Qu’il a enduré les plus grandes privations et accompli en premier les missions les plus dures.
En véritable chef, il a constamment rassuré ceux qui désespéraient, soigné ceux qui allaient mal. Il a été capable de distinguer, parmi ses hommes, les plus forts qui aideraient les plus faibles.Bien entendu, nous sommes là dans le cas d’une aventure extraordinaire, mais qui nous enseigne qu’un vrai leader peut faire accomplir l’impossible à son équipe.